Retour sur mes allaitements – infos & conseils

[J’ai adapté cet article de 2017 écrit après mon deuxième allaitement à la sauce 2021, après mon troisième, notamment pour actualiser les conseils et aides pratiques. Le texte date donc en grande partie de 2017 mais je l’adapté et enrichi dernièrement, car j’ai beaucoup évolué sur ce sujet, au fur et à mesure de mes enfants.]

Hyper-lactation, mastites, crevasses, pleurs, douleurs … mon premier allaitement ne faisait clairement pas rêver. C’était mon premier bébé, je n’étais pas du tout préparée et j’ai surtout eu, comme beaucoup (trop) de femmes, un manque cruel d’informations et d’accompagnement.

Alors pour le deuxième, j’ai décidé qu’il en serait autrement. Et le troisième également. Au final, j’ai eu trois allaitements assez différents qui m’ont appris beaucoup et apporté énormément.

Je voulais vous faire part de cette expérience, pour que toutes celles qui n’ont pas été satisfaites de leur premier allaitement mais souaitent tout de même réitérer l’aventure sachent qu’il n’y a aucune fatalité à ce qu’ils se passent tous comme ça, bien au contraire. Et comme une femme avertie en vaut deux … ;) (Bon, si vous avez la possibilité d’être avertie dès le premier, c’est mieux quand même bien sûr !) Alors renseignez-vous, posez toutes vos questions, lisez et parlez-en autour de vous.

Et en attendant, voici quelques petits « trucs » pratiques que je partage et qui en aideront peut-être certaines autant qu’ils ne m’ont aidée :-)

1. N’ayez pas dans l’idée que c’est « inné »

Il y aura toujours des gens pour vous dire que « l’allaitement, c’est tout ce qu’il y a de plus naturel« , que « c’est inné » et que « ça ne s’apprend pas« . OK ok les gars, donc on est d’accord, la nature a doté les femmes de seins (donc c’est naturel), très vite elles ont compris qu’il en sortait du lait et que ce lait serait bon pour leurs enfants (donc c’est soi-disant inné), mais sauf que la nature, elle a souvent oublié de fournir LE MODE D’EMPLOI. Donc si, ça s’apprend. Enfin ou tout du moins, ça se prépare. Car il est tout à fait possible que cela ne soit pas si facile que ça pour certaines femmes (la majorité en fait).

Sortez-vous de la tête que les bonnes mères doivent allaiter leurs enfants les doigts dans le nez (doivent allaiter tout court d’ailleurs !) comme si elles l’avaient toujours fait, et donc le corollaire que si vous galérez c’est que vous êtes une mauvaise mère. Non, non, non et re-non ! On ne naît pas avec une bouche d’enfant sur son nichon et le lait qui lui coule parfaitement dans le gosier ! Il y a plein de choses à savoir et à anticiper. Sans pour autant tout intellectualiser, il me paraît primordial de se renseigner avant (et pendant d’ailleurs), de s’informer, notamment sur la montée de lait, les mécanismes hormonaux qui se jouent, les rythmes à la demande du bébé et les positions d’allaitement (c’est souvent sur ce dernier point bien trop négligé que le bât blesse, cela qui vous fait mal partir et qui peut tout foutre en l’air …).

Par ailleurs, aucun allaitement ne se ressemble. Trois enfants, trois grossesses, trois allaitements, et tous assez différents. Le premier a duré 2 mois, le deuxième 7 mois et le troisième 9 mois. Chacun m’a mise face à des challenges différents ; je ne suis pas une femme qui a des allaitements très faciles, à cause notamment d’une hypersensibilité des mamelons qui dure très longtemps. Mais au fil du temps et des expériences, j’ai pu rassembler des conseils et une certitude : ce n’est pas inné.

Quelques livres ou sites qui peuvent aider : L’allaitement malin, de Véronique Darmangeat // Le site Lactissima (notamment pour tous les commentaires d’articles et les réponses de la professionnelle qui décrivent des situations concrètes dans lesquelles il est fréquent de se retrouver) // Le site de la Leche League // des vidéos YouTube sur la position d’allaitement naturelle Biological Nurturing, qui aide beaucoup pour les premières tétées notamment // Les podcasts comme Milkshaker, J’allaite et La Matrescence pour toutes les références qu’on y trouve // Les comptes Instagram Boobz, Laurie Daniel, Julie IBCLC 17, LoloHelpeuse, Un amour au Naturel, tt.en.tt

Photo @Ameliz Marzouk

2. Parlez-en à votre maternité ou au(x) praticien(s) qui vous suit(vent)

Toujours dans cette même idée que l’allaitement se prépare et s’anticipe, parlez de votre projet d’allaitement au corps médical pendant votre grossesse. Ils sont là pour vous aiguiller, vous donner des conseils ou des contacts qui le pourront le cas échéant. Il est important qu’il y ait écrit sur votre dossier à la maternité que vous souhaitez allaiter et que vous souhaitez être épaulée ; ils seront d’autant plus vigilants et entourants lors de votre accouchement et vos suites de couches.

Je vous l’accorde, tous les endroits et toutes les équipes ne sont pas très calés dans le domaine mais justement, plus vous les prévenez et insistez pour être soutenue, plus ils y feront attention et plus vos chances de bien démarrer votre allaitement seront fortes (et un allaitement bien démarré, c’est déjà beaaaaaaucoup !).

3. Identifiez si possible une personne proche pour qui l’allaitement s’est bien passé

Honnêtement, je sais que mon deuxième allaitement ne se serait pas aussi bien passé si je n’avais pas eu à mes côtés (virtuels car loin géographiquement ;) ) une très bonne amie dont l’allaitement s’était bien passé et qui avait pour autant plein de petits trucs à me conseiller et me donner (là encore attention ! pas une amie « Quoi, tu galères ? Non mais je comprends pas, ça s’est teeeeeeellement bien passé pour moi, j’ai du mal à imaginer qu’on puisse avoir du mal ! T’es sûre que tu t’y prends bien ? » Non, non, une amie VRAIMENT bienveillante.) Je sais qu’elle se reconnaîtra <3.

Elle m’a épaulée, coachée, consolée, encouragée, écoutée. Et donné plein d’astuces qui m’ont énormément aidée. Elle habitait alors dans un pays bien plus pro-allaitement que la France et bien plus au fait de ce sujet, donc j’avais en plus la chance de bénéficier de conseils rapidement efficaces.

Personnellement, quand je suis cette personne ressource pour mes amies, les conseils que je martèle et qui concernent tout le monde :
Écoute toi (et ton corps) plus que de raison car tu écouteras toujours ton bébé mais tu auras plus de mal à t’écouter
Au moindre signe de tension ou engorgement, utilise la technique du verre tahitien pour vider ton sein : un miracle pour toutes celles à qui je l’ai dit – un verre rempli d’eau chaude qu’on fait « ventouser » sur le sein engorgé. On masse on masse en tenant le verre de l’autre main et magie ! le let sort en petits tourbillons dans l’eau. En plus d’être très efficace c’est assez hypnotique à voir ! Ceux qui savent savent ;)
Attention au tire-lait au début, qui est un leurre car vide les seins sur le coup mais sur-stimule, et bonjour les engorgements ! Là encore, l’utilisation du tire-lait s’apprend et se dose …
Limite les visites aux personnes devant qui tu te sens à l’aise d’allaiter ; le pire ennemi de l’allaitement c’est la tétée speed-stressée-pudique
Fais-toi accompagner d’une professionnelle de l’allaitement si c’est trop dur
Ne te fixe pas sur le poids du bébé. Je sais à quel point c’est difficile car tous les professionnels n’ont que ça à la bouche. Rappelle-toi que l’important ce sont les couches mouillées, le bébé qui s’éveille, la prise de poids globale sur quelques jours lissés (et non tous les jours) … Apprends plutôt à repérer les signes que ton bébé va bien !
Use et abuse du peau-à-peau
Repose-toi dès que tu peux, la maison et le reste peuvent attendre

Premier allaitement, ce petit nez trop collé au sein, présage des crevasses qui allaient suivre … et personne ne m’avait rien dit !

4. Identifiez un professionnel que vous pourrez appeler en cas de problème

Mon extraordinaire sage-femme et ma non moins super conseillère en lactation (Catherine Fontenel, au centre YGY FOR YOU) ont aussi joué des rôles très importants ! Pour me préparer d’abord, puis pour tout l’aspect médical. Ce sont elles qui ont détecté que je faisais une mycose à un mois, elles encore qui m’ont aidée à réguler mon risque d’hyper-lactation (plus important quand on en a déjà faite une), qui m’ont aidée à soulager mes engorgements, à repérer les freins restrictifs … bref, des professionnels disponibles et spécialisés sur ces sujets. Car soyons clairs, encore beaucoup de pros dans le domaine de la périnatalité n’y connaissent rien en allaitement. Ce n’est pas trop grave si vous en avez d’autres autour de vous qui sont calés, et surtout s’ils ont l’humilité de l’avouer et de ne pas divulguer de conseils contre-productifs voire dangereux (parce que si vous saviez ce qu’on entend parfois …).

5. Investissez dans les bons produits pour mettre toutes les chances de votre côté

Une bonne crème pour les mamelons (voire ces lingettes à laisser dans le soutien-gorge que je tiens de mon amie précédemment citée et qui m’ont littéralement sauvé la vie), un coussin d’allaitement adapté à votre morphologie et d’autres coussins pour bien vous installer (en cas de poitrine généreuse par exemple, le coussin « classique » n’est pas toujours très pratique …), des coussinets bien absorbants et doux, des poches de chaud et de froid à appliquer (pour le froid, une astuce : humidifiez une couche taille naissance et hop ! au congélo ! Economique et ça épouse parfaitement la forme des seins :) ), de bonnes brassières ou de bons soutien-gorge sans armatures (pour éviter les mastites), un bon tire-lait, des tisanes d’allaitement si besoin, des litres d’eau à boire, un châle d’allaitement ou des foulards, des hauts adaptés, une écharpe de portage … voilà en gros l’armada avec laquelle j’ai vécu pendant les premiers mois. Oui c’est un investissement, contraignant et pas vraiment discret, mais je vous jure que du coup, mes sorties et mon quotidien en étaient grandement facilités !

Pour plus d’idées d’accessoires ou autres, vous en trouverez dans l’excellent livre Le Mois d’Or.

6. Soyez en accord avec vous-même (votre vision du corps, de l’intimité …)

Comme je vous le disais un peu plus haut, je suis du genre très pudique et j’ai une notion de l’intimité corporelle très … large on va dire ! Impossible pour mon premier bébé d’allaiter en public par exemple, même devant des amis ou ma famille. Du coup forcément, ça limitait les endroits où je me sentais bien et cela rendait la chose encore plus difficile. Pour ma deuxième fille, je me suis un peu détendue, mais pas non au plus au point d’être tout à fait à l’aise. Pour mon troisième, j’étais beaucoup plus peace, mais Covid oblige, je n’ai pas allaité beaucoup en public…!

Tout ça pour vous dire que les limites de l’intimité et de la pudeur sont propres à chacune, et qu’il faut absolument que vous soyez en accord avec les vôtres. Sinon, c’est la porte ouverte à de l’insatisfaction et de la crispation , et ces deux-là ne font pas bon ménage avec un allaitement épanouissant.

Que vous ayez ou non du mal à allaiter en public, que vous soyez à l’aise avec le fait de dénuder une partie de votre corps ou non, que vous trouviez cela dérangeant ou non, il faut vous écouter. Pour les pudiques, il existe des choses super ; des châles d’allaitement, des grands foulards, des vêtements où vous ne pouvez sortir que le bout du sein comme ceux de Tajine Banane … Vous trouverez votre propre technique !

J’ai su que j’avais trouvé l’équilibre que je souhaitais quand plusieurs personnes de mon entourage – y compris des femmes n’ayant jamais allaité – m’ont dit « Oh mais elle mange ? Je n’avais même pas vu que tu l’avais au sein ! » Voilà exactement le genre de phrases qui, moi, me mettent en confiance et à l’aise avec la vision que j’ai de mon allaitement.

Photo @phome_lab

7. Prenez soin de vous, VRAIMENT

Ce conseil-là, on vous le rabache non stop enceinte et après, mais il est plus que jamais vrai pour l’allaitement. Reposez-vous, mangez équilibré, buvez beaucoup d’eau, faites-vous chouchouter et aider, ce sont les clés pour que votre corps fournisse le lait qu’il faut et en quantité qu’il faut. Et du coup, c’est autant de questions que vous ne vous poserez plus.

J’ai d’ailleurs observé quelque chose d’assez frappant : durant la dernière année écoulée, pendant laquelle les jeunes accouchées étaient bien plus au repos que d’ordinaire car ne recevant quasiment plus de visites, les allaitements autour de moi ont eu l’air de bien mieux se passer. Les visites et ce que cela implique (fatigue, gêne d’allaiter en public, pudeur, « envie d’expédier les têtées » pour pouvoir profiter des invités, etc.) sont souvent assez délétères sur un début d’allaitement, où il vaut mieux rester 15 jours seins à l’air qu’être pressés que le bébé s’enlève du sein et de pouvoir se rhabiller …!

L’allaitement c’est avant tout un phénomène physiologique – et psychologique – ; vous faites déjà une grosse partie du boulot en choyant votre corps et vos habitudes de vie.

8. Voyez-le comme une affaire de couple

Bon, je vois déjà s’élever les esprits alors je m’explique. Bien sûr, c’est de votre corps et de vos seins dont on parle. Et vous le savez, la devise « Mon corps, mon choix » est ma priorité absolue.

Mais le.la conjoint.e est également partie prenante dans le processus de l’allaitement. Déjà, si vous décidez d’allaiter au sein, ne pensez pas que cela exclue le second parent. Certes il.elle ne lui donnera pas le biberon, mais il.elle pourra vous amener le bébé avant la tétée, il.elle ne sera pas exclu des câlins, des bisous, des yeux-dans-les-yeux, des bains, des changes, des habillages, des balades, des portages … bref, vous voyez l’idée ! A la maison, je sais que mon mari ne s’est jamais senti mis à l’écart ou frustré parce que j’allaitais ; j’ai par ailleurs toujours veillé à ce qu’il ait bien sa place et à ce qu’il prenne le rôle qu’il avait envie de prendre. Mais c’est une question qu’il s’est posée, et si on ne l’avait pas partagée il aurait pu développer une certaine frustration ; d’où mon point de dire que c’est une décision à prendre à deux.

Il est évident que si vous ne souhaitez pas allaiter, personne ne peut ni ne doit vous y obliger ! Mais dans le cas où vous le souhaitez, je trouve important d’en parler à deux. Les seins sont aussi une partie du corps réservée à l’intimité du couple, et ce n’est pas rien de les dédier quelques temps à un bébé. Cela peut (ou pas) modifier le rapport à la sexualité et à l’intime, il faut l’avoir en tête et pouvoir échanger librement sur le sujet à deux.

D’autant plus que votre conjoint.e sera un.e bien meilleur.e allié.e dans les moments de doute ou plus compliqués pour vous si les choses sont claires entre vous ! Et croyez-moi, il est possible que vous ayez besoin d’une épaule sur laquelle vous appuyer de temps en temps … ;-)

Photo @Amelie Marzouk

9. Ne vous acharnez pas si c’est trop difficile

Celui-là c’est peut-être le plus important mais ayez-le toujours dans un coin de votre tête : inutile de vous acharner si c’est un calvaire pour vous. Vous la connaissez la phrase qui dit qu’un bébé n’est jamais mieux que quand sa maman est épanouie ? Elle est plus que jamais vraie dans le cas de l’allaitement. Si vous êtes épuisée, que vous pleurez sans arrêt, que vous avez mal, votre lactation risque de s’en trouver affectée et c’est une réelle source d’angoisse.

N’écoutez surtout pas celles et ceux qui disent qu’il n’y a que le lait maternel dans la vie. Que vous allez empoisonner votre bébé avec du lait en poudre. Qu’il tombera sans cesse malade (Edition novembre 2017 : ma fille allaitée exclusivement en est à sa deuxième gastro, sa troisième rhino et a également eu une otite depuis sa naissance ; la faute à l’école de sa soeur et à la vie en général, ni plus ni moins). Qu’il aura moins de goûts variés. Que vous n’aimez pas assez votre enfant (???). Que vous êtes une mauvaise mère.

Une mère c’était, c’est, et ce sera avant tout une femme. Une femme avec un corps qu’elle doit se réapproprier, avec des ressentis, des sensations et des désirs qu’elle doit apprivoiser.

Être parent aujourd’hui constitue une multitude de challenges, on fait tous.tes de notre mieux et la culpabilisation envers les mères n’a JAMAIS lieu d’être. Jamais.

J’espère que cet article un peu fleuve aidera certaines d’entre vous qui pourraient se sentir un peu perdues face à leur allaitement. Quand il se passe bien, qu’il est choisi et apprécié, c’est d’un bonheur et d’une praticité incroyables.

Faites-vous confiance, encore une fois ♡

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